18. François JAKUBOWSKI - la chronique MyLittleRedCar dans AUTOHEROES #029
"Fraîchement retrouvée dans ma cave, cette relique de mon enfance trônera bientôt dans mon salon. Dilemme : dois-je la laisser dans son jus ou lui offrir une peinture neuve d’origine Ferrari ?
J’y réfléchis !"
Itinéraire d’un enfant comblé
Bon pilote amateur, en circuit et en rallye, François Jakubowski voue une passion de longue date à l’automobile et notamment aux bolides de couleur rouge.
Souvent, j’ai cru choisir le bon chemin pour vivre ma passion de l’automobile, mais des obstacles ont surgi comme pour me prouver que le chemin est tout aussi exaltant lorsqu’il se multiplie.
Le genre d’obstacles comme celui d’arriver second au volant Elf alors que je partais favori.
Le genre d’obstacles comme celui d’attendre de prendre le relais d’Anthony Beltoise sur le 24 heures du Mans 2011 et de voir l’Audi #03 d’Allan McNish se pulvériser contre notre Ferrari 458. Nous ne rattraperons jamais les quarante minutes de réparation. Les images de cet accident tournent toujours en boucle sur les plateformes de vidéo et permettent de ressentir l’espace d’un instant, une part infime de l’effroi qui s’est emparé de mon esprit à ce moment-là. D’abord on a accusé Beltoise d’avoir commis une faute de trajectoire mais plus tard, le miraculé McNish s’excusera et expliquera son erreur de jugement. Le genre d’erreur qui se mesure au quart de seconde et qui redessine un chemin de vie qu’on espérait tout tracé depuis l’enfance.
Mon papa tenait une concession BMC à Strasbourg ce qui permis, pour l’anecdote, à ma maman de rouler dans la deuxième Mini importée en France en 59. J’avais 1 an. Je pédalais alors dans ma première Ferrari. Jean-Daniel, mon frère de douze ans mon ainé participait déjà avec succès à des courses locales. Il était mon modèle.
À l’âge de huit ans, pendant des vacances d’été en Bretagne, j’ai enfin fait mon entrée dans le monde du sport automobile : au « grand-Prix » de la lessive Crio sur la Place de Quimperlé. Cette marque de lessive, bien connue pour cacher une petite voiture dans chaque paquet, organisait des courses pour la plus grande joie des enfants des villes de province. Papa m’avait inscrit pour concourir sur ce petit circuit improvisé de bottes de paille. Il avait fallu négocier car je n’avais pas les 10 ans minimums requis pour prendre place au volant des répliques des bolides de l’époque. En définitive, j’ai gagné les courses de qualification et j’ai été sacré champion après avoir gagné la finale au volant d’une Ferrari à moteur de tondeuse à gazon. Mon premier podium.
Dix ans plus tard, c’est mon nom dans le journal « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » qui me valut une belle engueulade de Maman sous le regard amusé et plein de fierté de Papa. Je venais d’obtenir mon permis et j’avais très discrètement emprunté la voiture de Maman pour participer à une course de slalom. J’ai remporté la victoire de classe et le journaliste qui couvrait l’événement a intitulé l’article « La relève, le petit frère Jakubowski ». Ma Maman ignorait tout de mes échappées belles avec sa propre voiture.
Au fil de mes pérégrinations, j’ai souvent croisé la route de mes premières amours, Les Ferrari. Celle à moteur deux temps de mes huit ans a sacrément évolué ! Tout en gérant ma propre concession Ferrari, j’ai gagné deux années consécutives le championnat de France de la montagne GT, invaincu, dans une Ferrari 355. Plus tard, à Magny-Cours, durant le même week-end, deux Ferrari m’ont permis de monter sur quatre podiums. J’ai enchaîné quatre courses en deux jours avec la 355 au Challenge Européen Ferrari et avec la F40 LM au championnat de France des circuits.
Même si je n’ai jamais été pilote de métier, j’ai toujours réussi à vivre ma passion. Quelque soit la puissance des moteurs, je retrouve intact le plaisir de mes douces réminiscences enfantines.
La pomme (rouge) ne tombe jamais loin de l’arbre !
Merci à mon frère de m’avoir donné envie d’emprunter des chemins si exaltants.
François JAKUBOWSKI pour MyLittleRedCar
"Je pose fièrement devant l’Austin Mini
de Jean-Daniel, mon frère, qui s’apprête à participer au Rallye des Vosges. J’ai huit ans."
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