20. Julien CHAFFARD - la chronique MyLittleRedCar dans AUTOHEROES #031

 

"La Jaguar Type D remporta les 24 heures du Mans de 1955 à 1957. Solido édita se modèle réduit en 1957, surfant sur l’engouement de la jeunesse de l’époque pour les bolides de course. Celle-ci était à mon grand-père."

RACING BULL

Le jeune Julien Chaffard, aux commandes de la Racing Classic School, revient sur les petites frustrations et les insatisfactions qui furent pour lui d’excellents moteurs pour réussir à réaliser ses rêves d’enfant et à trouver sa voie.

Il y avait d’anciens magazines Sport Auto entassés dans les étagères de mon père. J’étais plongé dedans sachant tout juste lire. Je pourrais vous décrire à la perfection les photographies de Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo et surtout leurs Matras dans les courses d’endurance, de Montlhéry à Buenos Aires. J’étais subjugué par la ligne si majestueusement effilées de ces bolides et par les ambiances sixties de ces courses. Je ressentais quelque chose de semblable en observant chaque détail de la miniature qui trônait dans le salon du chalet de mes grands-parents : une Jaguar Type D. Les caisses grouillaient de petites voitures, mais cette Jaguar semblait hors du temps, marquée par cette patine qui fait le charme du vécu. A mes yeux« C’est une vraie ! », une authentique légende des années 50 et pour moi qui suis né dans les années 90, c’était comme m’octroyer le pouvoir de voyager dans le temps. Malgré la distance, elle m’a suivi jusqu’à ce jour pour que Julien puisse l’immortaliser. Une véritable oeuvre d’art s’adresse directement au coeur, pourquoi cette voiture ancienne d’une époque qui n’est pas la mienne parle-t-elle autant au mien ?

Le sport auto ne faisait pourtant pas partie de l'ADN de mes parents. Sans voiture exotique dans le garage, ni de quoi pouvoir en approcher par des relations, il y avait une certaine frustration qui a peut-être été à l'origine de ce désir de pouvoir, un jour, m’épanouir dans ce milieu alors si inaccessible pour mes yeux d'enfant. 

Comme si mon père avait pressenti ce besoin impérieux, il avait décidé de nous emmener au Mans Classic en 2006, j’avais douze ans. La claque. Jamais une nuit blanche ne m’aura autant marqué, à coups de talon pointe et de rugissement de V12. J’étais hystérique. L'idée s’est alors ancrée en moi : ma vie sera consacrée aux voitures de course historiques. Je serai dans la peau de ces héros de légende, comme dans le film "Retour vers le futur", je voyagerai dans le temps.  Il faut s’imaginer le dur retour à la réalité pour mon coeur d’enfant exalté lorsque nous avons repris la route avec notre Chrysler Grand Voyager familial au beau milieu de toutes ces merveilles.

Quelques années plus tard, lors de mes études d’ingénieur, c’est dans l’univers de la monoplace que je concrétise un de mes rêves de gamin. « Papa, j’ai conduit une F1  ! ». Lors d’un simple stage de deux mois et faute de pilote d’essai ce jour-là, j’ai été miraculeusement choisi pour prendre le volant afin de valider le bon fonctionnement des monoplaces en piste.  Ma première expérience sur circuit fut donc une F1, une Prost AP02 de 1999. Rien que cela !

Quelle folie, quand j’y repense. Evidemment cela a été assez bref, avec un bac à gravier dès les premiers tours. Personne ne peut exiger deux miracles le même jour ! Mais cette énième insatisfaction m’a permis de parfaire l’esquisse de mon avenir : je consacrerai ma vie aux anciennes et je donnerai à tous ceux qui en ont autant rêvé que moi, l’opportunité de les piloter…  sans finir dans les graviers !

La suite de l’histoire est celle qui donnera naissance à la Classic Racing School. Il faut être assez fou pour se lancer dans un tel pari, nourri par l’élan d’un brin de naïveté propre à l’enthousiasme juvénile, ponctué d’une touche de chance et surtout de très belles rencontres. Je ne regrette pas d’y avoir cru.

Quelle honneur de pouvoir aujourd’hui partager et transmettre cette passion avec un cocktail de générations différentes, liées par ce rêve de ressentir un peu de la joie de nos idoles du passé. Une période que je n’ai jamais connue, mais à laquelle j’espère rendre hommage chaque jour dans des monoplaces  d’époque et dans l’atmosphère délicieusement surannée du circuit de Charade.

Julien Chaffard pour MyLittleRedCar

"Mes deux frères et moi avons parcouru des centaines de mètres dans cette voiture à pédale rouge dans le jardin familial."

"C’était la première fois que je me retrouvais devant une type D à l’échelle 1. Depuis, sur ma très longue wish list est inscrit le rêve d’en piloter une à Charade ! Avis aux possesseurs !"

Les anciens numéros d'AutoHeroes sont toujours disponibles : Kiosque AutoHeroes