23. Stanislas GURDJIAN - la chronique MyLittleRedCar dans AUTOHEROES #034

"Philippe Gurdjian, mon père, publicitaire à cette époque, aimait créer des voitures qui ne passaient pas inaperçues."

MES PREMIÈRES FOIS

Stanislas Gurdjian, co-fondateur d’Eleven Cars, a toujours baigné dans le monde automobile, grâce à son papa Philippe, gentleman driver, très impliqué dans l’univers des courses auto. Ainsi, il lui est difficile d’extraire de ses souvenirs un unique fait automobile marquant. Ce n’est pas une seule voiture qu’il souhaite voir illustrer ici, mais toutes celles qui un jour l’ont fait vibrer.

D’aucuns se souviennent de leur première rentrée au collège, de leur première sortie entre copains ou de leur premier baiser. En ce qui me concerne, mes "premières fois" inoubliables fleurent bon l’essence et l’huile de moteur.

J’ai tout juste 6ans pour mon premier souvenir de course automobile lorsque j’assiste au Championnat de France de Production à Montlhéry. C’est aussi la première fois que je bombe le torse, empli de fierté en applaudissant mon Papa au volant cette BMW 635csi.

En 1991, j’assiste à mon premier Grand Prix de F1 au circuit Paul Ricard. Mes oreilles saignent en découvrant le bruit strident du V12 Ferrari. Je n’ai aucun souvenir du nom du vainqueur, je me souviens surtout de trouver tout naturel, du haut de mes 12 ans, d’accéder aux stands et de saluer Jackie Stewart et Ayrton Senna, mon idole . Je me rends compte bien plus tard de l’aspect extraordinaire de ces moments.

Vers 14-15 ans, j’ai pris ma première leçon de conduite sur le circuit de Nevers Magny-Cours au volant d’une Renault Clio William. Malgré une sacrée trouille, mes expériences en Karting m’ont soudain semblé bien fades en comparaison.

Puis, j’ai suivi mon premier stage de pilotage au volant d’une Formule Ford. En m’exerçant au talon-pointe, je découvre l’humilité : tout reste à apprendre.

Je me souviens de la première voiture que j’ai conduite juste après avoir obtenu le fameux "papier rose". La mère d’un copain m’a prêté une Fiat 500 née en 1979, tout comme moi !

Vers 20 ans, il y a ma première nuit en spectateur aux 24 heures du Mans, des heures de folie en sentant le souffle des Cadillacs juste au bord des pistes, avant les S de la forêt.

Un peu plus tard, mon boss me prête sa voiture et je conduis ma première Ferrari, un 355 F1 spider. Malgré sa boîte de vitesse réputée complexe, le sourire ne quitte pas mes lèvres pendant ces quelques heures au volant.

Lors de mon premier rendez-vous avec celle qui deviendra l’amour de ma vie et la mère de mes enfants, j’ai voulu l’emballer en la conduisant à bord d’une Dino 246 GT. Les choses n’ont pas tourné comme prévu et elle m’a vite fait comprendre que rouler ainsi dans Paris est bien trop prétentieux à ses yeux. Elle n’est sûrement pas fan de Danny Wilde.

J’ai passé les 300 km/h pour la première fois au volant d’une Porche 997 Carrera S, ma manière de fêter les fiançailles de mon frère et fort heureusement, je n’ai pas croisé de patrouille sur l’autoroute !

Toujours avant le trentaine, j’ai pris mon premier départ aux 25 heures de Spa avec des amis. Fort de notre courte expérience, fleur au fusil, nous imaginions alors faire un résultat. Lors des essais j'ai vite déchanté, en terminant à 11 secondes de la pole. C’est une sacré leçon d’humilité et ma place restera désormais celle d’un "gentleman driver", comme mon papa.

Quelques années plus tard, je découvre la magie d’un départ du Tour-Auto au Grand Palais. Une nouvelle expérience enchantée au volant d’un Mini Cooper S.

Il y a enfin ma première ligne droite du Mistral au Castellet à bord d’une Formule 1. Dès les premiers freinages au carbone d’une violence inouïe, je comprends dans ma chair que tout ce que j’ai fait jusque-là n’est qu’un vulgaire pis-aller.

J’ai enfin dû attendre la quarantaine pour démarrer une Lamborghini Miura, une des plus belles voitures que j’ai eu entre mes mains. Le contact, la pompe à essence , les deux coups de gaz, le démarreur, l’explosion des douze bougies successives sont époustouflants.

J’espère que l’histoire de mes "premières fois" continuera de s’écrire et que mes enfants auront envie de les partager. Mon garçon de 7 ans rêve déjà de son premier "Little Big Mans"... un autre "gentleman driver " en herbe ?

Stanislas Gurdjian pour MyLittleRedCar

"Je n’ai jamais oublié la fierté ressentie d’avoir accompagné mon papa lors de cette manche du Championnat de France de Production en 1985."

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