27. Olivier Pernaut - la chronique MyLittleRedCar dans AUTOHEROES #038

La Mini 1000 de ma grand-mère est blanche. Elle est toujours en ma possession et je l’ai parfaitement restaurée. Elle fait partie de la famille maintenant.

Dans la Famille Pernaut, je voudrais…

Des grands-parents à l’arrière petit fils, la passion pour  l’automobile met de l’huile dans les rouages et resserre les liens. Olivier Pernaut nous explique.

 

 

Pour vous raconter mon histoire d’enfance, je vais d’abord rendre hommage à mon papa et son fameux journal de 13h, en imaginant ses mots s’il avait dû lancer un reportage sur notre famille :

 "Et maintenant, partons en Picardie, à la rencontre de la famille Pernaut, passionnée de course automobile de père en fils depuis quatre générations. Le grand-père, Jean, membre fondateur de l’Association Sportive Automobile de la région, son fils aîné Jean-François pilote de rallye sur Mini-Cooper avec son frère Jean-Pierre à l’assistance, le petit-fils Olivier, ingénieur en mécanique et pilote professionnel, et enfin, l’arrière petit-fils Léo qui s’essaye déjà au karting."

 

Le caméraman aurait commencé par un plan de ma grand-mère Françoise Pernaut, un petit bout de femme centenaire, pleine de joie de vivre et particulièrement bavarde.   Elle se serait souvenue de m’avoir fait don de sa Mini, vingt ans plus tôt à l’aube de ses 80 printemps, celle avec laquelle je m’entrainais à faire des freins à main sur les graviers. Elle aurait charmé tous les téléspectateurs par sa bonne humeur en parlant des repas de famille du dimanche où les conversations tournaient autour des déboires ou des exploits de mon oncle, lors de son dernier rallye et, aurait raconté la fois où il sortit de route, luttant contre l’eau de la rivière qui montait dans sa voiture. 

 

Nous aurions découvert de sublimes images de la maison de campagne où j’ai passé de si jolis moments d’enfance, des week-ends de bricolage avec mon père à faire du modélisme, des nuits à modifier et réparer les voitures télécommandées que nous pilotions ensemble. Puis, le journaliste m’aurait interviewé et j’aurais volontiers parlé de mes nombreux souvenirs avec mon papa pendant les 24 Heures du Mans…

 

Chaque échéance Mancelle était pour nous immanquable. La notoriété de mon Papa nous permettait d’avoir accès à tout le circuit. Nous suivions la course aux premières loges, emplis de cette ferveur propre aux êtres animés par la même passion. Quand l’obscurité rendait mes paupières trop lourdes, nous nous endormions tous les deux sur le parking de la course, à l’arrière de la voiture familiale transformée en hôtel de fortune, pour quelques heures de récupération. Dans les paddocks, je pouvais approcher mes pilotes favoris et leurs voitures.

Il y avait aussi les week-ends de grands prix de Formule 1. Grâce aux potes de Papa, Jacques Lafitte, Jean-Louis Moncef et l’équipe d’Auto-Moto, je pus même m’assoir un jour au volant de la F1 de Jean Alesi. Imaginez ce qu’il se passe dans la tête d’un garçon de 15 ans à cet instant précis ! Je me souviens du bonheur de mon père devant cet enthousiasme si candide.

A ce moment, je n’envisageais pas un instant devenir pilote. Exceptées quelques courses de karting organisées par le CE de TF1, je n’avais jamais expérimenté la compétition. Pour mes 22 ans, mon père eut la bonne idée de m’offrir un stage de pilotage sur le circuit Bugatti du Mans. Ce furent mes premières sensations de vitesse, mes premières montées d’adrénaline. Focalisé sur le calcul des points de freinage ou sur le tracé du circuit, j’avais attrapé le virus de la course auto.

 

Je poursuivis donc le pilotage parallèlement à mes études d’ingénierie. Les débuts furent difficiles car tous les pilotes de cet âge s’étaient exercés aux courses de karting depuis l’enfance. Souvent déçu par mes performances, je faisais tout mon possible pour persévérer. Chaque hiver, le Trophée Andros auquel nous participions tous les deux, m’offrit bien des souvenirs de connivences avec mon Papa. Tous deux confrontés à bien plus forts que nous, comme Alain Prost ou Olivier Panis, ces courses sur glace furent toujours synonymes de joies partagées et d’éclats de rire.

 

 

Enfin, en 2015 je remportai le Championnat de France GT, et j’atteignis pour la première fois la plus haute marche d’un podium au volant d’une Porche IMSA.  Quel bonheur de déceler la si touchante lueur de fierté dans les yeux de mon père !

J’avais rencontré bien des embuches au fil de mes projets de courses et ce jour-là, je compris que le vrai challenge n’avais jamais été la performance. Le vrai challenge était de monter un projet et mettre tout en oeuvre pour être sur la ligne de départ. Dans les yeux de mon père, il n’y avait pas seulement la fierté d’entendre le nom Pernaut rattaché au monde de la course auto, il y avait avant tout, la fierté devant l’énergie déployée au fil des années pour vivre la passion qu’il m’avait transmise.

Au bord des pistes de karting où j’admire aujourd’hui mon fils, je lui souhaite de comprendre au plus vite que le le chemin à parcourir est souvent plus enrichissant et plus épanouissant que la ligne d’arrivée.

 

Dans mon job de team manager chez Orhès, j’organise de nombreuses participations dans toutes sortes de compétitions automobiles comme la Fun Cup au GT4, la Ligier European Series, la Nascar, le Mans ou encore le prochain Paris-Dakar. Ainsi, je permets à bien d’autres passionnés de réaliser leurs rêves de sport mécanique. Rien n’empêche de devenir un as du volant, même en ayant commencé dans la Mini de sa grand-mère !

J’ai énormément de souvenirs heureux de ces moments passés avec mon papa mais très peu de photos. J’aime beaucoup celle prise à  Monaco avec Jacques Villeneuve. J’avais 14 ans.