12. Anthony BELTOISE - La chronique MyLittleRedCar dans AUTOHEROES #023

 

C’est en 1926 qu’Etorre Bugatti conçoit une Type 35 à l’échelle 1/2 pour enfant. C’est une petite auto électrique qu’il offrira à l’occasion des 4 ans de sont second fils : La Bugatti Baby

J’ai eu la chance d’en posséder une…

Les Quatre Cents Coups d’Anthony Beltoise

Avec Jean-Pierre Beltoise comme papa et François Cevert comme tonton, il était impensable de ne pas trouver Anthony très jeune derrière un volant.


Sept ans, ma première voiture, le jouet le plus époustouflant qu’un enfant puisse espérer recevoir ! C’était une Bugatti baby.
Mon père qui ne vivait que pour et par la mécanique de haute précision n’a pas lésiné quand il s’est agit d’offrir son premier véhicule motorisé à son fils ainé. Il attendait sûrement l’âge de raison. Effectivement, j’ai employé toute ma raison pour faire les quatre cents coups !
Je peux l’avouer aujourd’hui, à partir de ce moment, tout engin à moteur à deux ou quatre roues a été synonyme d’échappées belles entre frangins, de gymkhana entre potes et de frissons du voisinage entre moteurs hurlants et tôle froissée.

La première a en subir les frais a été la petite Bugatti amochée lors d’une marche arrière. Il faut s’imaginer que nous vivions mon frère et moi dans un univers où la vitesse et la performance étaient sinon un sacerdoce au moins une invitation. Parisiens la semaine, nous passions nos vacances et nos week-ends à la campagne près de Montlhéry. En Piwi 50 version side-car, j’embarquais mon petit frère dans des parcours semés d’embuches à travers les prés et forêts des alentours. Sans vergogne, nous "empruntions" les véhicules laissés à la maison par leurs propriétaires. Je me souviens d'avoir "pulvérisé" une Honda N600 vers 14 ans. Pendant que certains enfants jouaient aux indiens et aux cowboys après les westerns de la Dernière Séance, notre jeux favori était de nous chronométrer sur d’improbables parcours hérissés d’obstacles. Cela étant dit, je reconnais aujourd’hui avoir quelques pincements au coeur pour une Fiat 500 en miettes, celle de mon oncle, François Cevert.

Nous vivions vraiment dans l’insouciance propre aux adolescents pour qui rien n’est vraiment grave du moment "qu’on se marre bien". Nous embarquions souvent des copains dans nos virées motorisées, ce qui ne manquait pas de donner quelques sueurs froides à leurs parents quand ils rentraient couverts d’égratignures. Nous entendions souvent "Toi tu n’iras plus chez les Beltoises !" . Mon père m’a appris à conduire à l’âge de toucher les pédales, alors forcément, froisser de la tôle, c’était un peu comme faire une culbute en trottinette : rien de bien méchant.

A force de faire les quatre cents coups, j’ai fini par me retrouver au pensionnat un peu comme le héros de Truffaut ! Cela étant dit, la comparaison s’arrête là, parce qu’à l’inverse d’Antoine Doinel, j’ai eu des parents aimants et même s’ils étaient stricts, ils n’en n’étaient pas moins justes et attentifs. Ils avaient compris que si je voulais avoir une chance de passer mon bac, il fallait m’éloigner de la tentation des virées entre copains et des courses en scooter entre la Rue de Rivoli et la Concorde !
Me voilà donc dans un internat jusqu’à mon ultime histoire de tôle froissée, celle qui m’a définitivement calmé. C’était sur l’A6, une fois de plus j’avais "emprunté" la Nissan Prairie familiale et je l’ai joliment appuyée contre un poids lourd en perdant son contrôle dans une grande courbe sous la pluie. Le chauffeur du camion ne s’est aperçu de rien en poursuivant son chemin. Par contre, la porte arrière de la Nissan s’en est bien rendu compte et j’ai eu une sacrée frayeur ! En rentrant, j’ai mitonné avoir retrouvé la voiture dans cet état sur le parking de mon club de tennis.
En y réfléchissant je me demande comment j’ai pu imaginer mon père, chantre de la sécurité routière, assez crédule pour avaler ce bobard. C’est aussi Les Quatre Cents Coups de Truffaut quand la psychologue demande au jeune Antoine pourquoi ses parents disent qu'il ment tout le temps et qu’il répond : " Ben, je mens…je mens de temps en temps, quoi. Des fois je leur dirais des choses qui seraient la vérité ils me croiraient pas, alors je préfère dire des mensonges."

A partir de là, j’ai filé droit ! J’ai mis en pratique tous les apprentissages de rigueur et de "bonne conduite" promulgués par mon père pour gagner le Volant ELF l’année de mes vingt-et-un ans, débuter une vraie carrière et ne plus jamais faire de mal à une Bugatti: vingt-et-un ans, trois fois l’âge de raison !

Anthony Beltoise pour MyLittleRedCar

 

L’intrépide Anthony, le casque et le regard bleu de France, déjà égratigné à 5 ou 6 ans.

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